La vrille du chat

Jan/Fév/Mars 2019

Par Back Pocket

On dit du chat qu’il retombe toujours sur ses pattes. Peu importe de quelle hauteur chute l’animal, ses contorsions le ramènent toujours, miraculeusement, sur ses quatre fers. Des qualités acrobatiques qui font du félin le totem idoine du cirque et des circassiens. Dans La vrille du chat en tout cas, les artistes de la compagnie Back Pocket s’inspirent visiblement de l’agilité du fauve dans des contorsions plus diaboliques qu’un Azraël sous amphètes. Ils sont cinq, français ou américains, et se sont formés à l’Ecole National de Cirque de Montréal ou à l’Ésac à Bruxelles, avant de se croiser sur des spectacles comme Luzia du Cirque du Soleil. Las du cirque démonstratif cher au géant québécois, les acrobates, athlètes accomplis, ont eu envie d’inventer une nouvelle écriture de cirque, qui jouerait des corps comme des notes dans une variation musicale.

Pari réussi dans La vrille du chat où un même thème narratif se décline en boucles sans cesse réinventées. Pas vraiment d’intrigue ici mais un même cycle d’actions quotidiennes – déménager des caisses, allumer une lampe, se saluer – qui se répètent à l’infini avec, chaque fois, des transformations sensibles. Ralentis, accélérations, stop-motions, marche arrière : la même phrase corporelle se rejoue encore et encore dans ce ballet sportif où chaque geste est millimétré. Et c’est justement de cette précision que naît le comique de répétition quand untel manque de se prendre une porte ou qu’un autre chute pour être rattrapé par son voisin. Ils n’ont ni trapèze, ni bascule, ni mât chinois mais usent simplement de leur corps pour jouer avec la vitesse, la souplesse, l’agilité, la force. Du cirque à l’état brut ! De leur corps élastique, ils défient la gravité avant de faire basculer un bout du décor, qui se révèle être un cube creux traversé d’escaliers biscornus comme un tableau de Maurice Cornelis Escher. Escalier ou pyramide ? Porte ou soupirail ? Mur ou plafond ? Cet espace bouscule encore un peu plus notre perception du mouvement tout en jouant d’apparitions et disparitions qui vrillent en permanence notre regard. Malgré quelques passages lancinants, le public en ronronne de plaisir.

> Vu le 7/09/2018 au Théâtre de Namur.

Du 8 au 10/3 aux Halles de Schaerbeek, à Bruxelles, dans le cadre de Hors Pistes.

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L'auteur.e de l'article

Catherine Makereel

Journaliste indépendante (Le Soir).