Maggy Jacot et Axel De Booseré

Jan/Fév/Mars 2018

Co-fondateurs de la compagnie Arsenic (Le dragon, Éclatsd’Harms, Le géant de Kaillass,…), Maggy Jacot (plasticienne, scénographe, costumière) et Axel De Booseré (metteur en scène et par ailleurs directeur du Festival de Spa) animent aujourd’hui la Compagnie Pop-Up. Ils y poursuivent en binôme un passionnant travail de recherche sur les formes, forgeant un théâtre délié du réalisme et toujours porteur de sens.

« Depuis toujours, le cirque nous attire et nous inspire. Nous avons d’ailleurs pour projet (encore en forme de grand point d’interrogation !) de créer un spectacle qui unisse le cirque au théâtre. Notre langage scénique est hybride : il se nourrit des différentes formes des arts de la scène. Ne pas se contenter d’un code, plonger dans chaque séquence d’un spectacle comme sur un terrain de jeu où tous les genres sont permis : nous jubilons à offrir un cocktail joyeux, que l’on rêve toujours impertinent et ludique !

C’est dans nos premiers spectacles que l’influence circassienne est la plus visible. Outre le lien de parenté suggéré par le chapiteau dans lequel se déroulaient nos premiers projets, nous nous sommes clairement inspirés des numéros de cirque comme matière de jeu révélant le propos du texte, par exemple pour une séquence de femme sans tête… Dans le cabaret d’Éclatsd’Harms, on pourrait presque dire que nous faisions alors occasionnellement de la « magie nouvelle », ces événements magiques mettant en place l’univers dans lequel se déroule l’histoire. Ces mélanges, qu’ils viennent du cirque, de la marionnette, des arts plastiques ou de la musique, ne sont jamais pour nous une simple épice : ils nourrissent le sens.

Si, dans nos créations, le langage du corps est aussi important que celui de la parole, nous n’avons pas encore collaboré en direct avec des circassiens. Mais nous multiplions nos recherches et nos rencontres, nous allons voir un maximum de spectacles… Ce qui nous fascine avec le cirque, c’est sa capacité à transmettre une émotion qui ne passe pas par les mots, mais par le corps. Nous voudrions intégrer à notre travail cette expression qui touche à l’indicible. Est-ce que ça marcherait si ce langage côtoyait le dicible des mots ? Est-ce que le langage uniquement physique est compatible avec une narration textuelle ?

Tous nos spectacles précédents, chacun à leur façon, sont le fruit d’une recherche sur l’onirisme fantastique. Un univers volontiers expressionniste, séquencé, mélangé, mis en place par l’alliage de la scénographie, des éclairages, du son, des costumes, du jeu d’acteur… Nous pensons que grâce au cirque, nous pourrions aller beaucoup plus loin dans ces recherches de réalités altérées et décalées – toujours au profit d’une histoire à raconter. »

 

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L'auteur.e de l'article

Laurent Ancion

Laurent Ancion est rédacteur en chef du magazine « C!RQ en Capitale ». Critique théâtral au journal « Le Soir » jusqu'en 2007, il poursuit sa passion des arts de la scène en écrivant des livres de recherche volontiers ludiques et toniques. Il est également conférencier en Histoire des Spectacles au Conservatoire de Mons et musicien.