Portrait volant d’un Fill voyageur
Du Club Med’ à l’Ardèche, de la création de l’Atelier du Trapèze à Schaerbeek aux collaborations avec Dragone, Fill De Block a un sacré parcours. Ce Bruxellois pure souche a quitté le pays voici huit ans pour s’installer à Lablachère. Toujours en piste, il participe aussi à la conception de projets aériens.
Fill De Block a complètement oublié notre rendez-vous téléphonique. Des amis viennent d’arriver de Bruxelles. Et quand on habite au bout du monde, ou du moins, au bout de la France, tout s’arrête lorsque débarquent des amis Bruxellois avec lesquels la conversation semble ne jamais s’être interrompue.
Né en 1959 à Bruxelles, Philippe De Block, après ses études, travaille quelques années au Club Méditerranée, à Donoratico, en Italie, où il découvre le trapèze. Il y restera trois ans, s’y formera et voyagera jusqu’à Sainte-Lucie, son dernier village. De retour au bercail, en 1990, il crée l’Atelier du Trapèze à l’Ecole n°10 à Schaerbeek, dont le préau a une hauteur « sous barrots » de douze mètres !
Il y avait une réelle demande pour les disciplines de cirque à Bruxelles. Le succès est immédiat et la collaboration avec les élèves de l’école et du quartier s’avère enrichissante. Des professionnels venaient aussi profiter de l’infrastructure et du savoir-faire de Philippe De Block, devenu Filléas, entretemps. Aujourd’hui, on l’appelle Fill, les dernières lettres s’étant envolées entre deux acroportés. L’artiste travaillait aussi dans l’événementiel le week-end grâce, entre autres, à la société Blue Lemon de Vincent Wauters. Tout roulait et volait même très haut. En 2009 pourtant, Fill se trouve un successeur de confiance à l’Atelier du Trapèze – Nicolas Eftimov – et hop, saute au-dessus du Quiévrain et même plus loin. Pourquoi ce départ ?
« Ma compagne Nanou et moi, on était amoureux de l’Ardèche. Chaque fois qu’on allait en vacances en France, on passait par là. Puis des amis ont acheté dans la région. On leur a rendu visite. On est tombés sur une maison à vendre. On a eu un coup de cœur et on l’a achetée… C’était il y a quatorze ans. C’était d’abord une maison de vacances. J’ai amené un premier portique. Peu à peu, le reste du matériel a suivi ! On ne peut pas venir ici sans profiter pleinement de cette nature, sans s’entraîner dans le jardin, qui fait tout de même un hectare et qui jouxte, en outre, le Parc Naturel Régional des Monts d’Ardèche, un espace protégé. C’est vraiment un endroit pour se ressourcer, entre les chênes, les acacias, les pins et les châtaigniers. Depuis huit ans, on a créé l’Atelier Trapèze France et on habite ici à temps plein. »
Un déménagement qui a entraîné d’importants changements professionnels. Là où, le temps passant et le corps changeant, les acrobates se reconvertissent parfois dans l’enseignement, Fill De Block, lui, fait le chemin inverse. Même si, depuis quatre ans, sa présence en piste relève plus de l’humoristique que de l’acrobatique. Plus question non plus d’accueillir des amateurs chez lui puisqu’il ne dispose pas d’espace couvert. Tout se fait en extérieur. Il ne forme plus que des professionnels, assure la conception des agrès et le coaching aérien du Cirque Trottola, de la Compagnie Les P’tits Bras et participe à de nombreux projets d’envergure avec Franco Dragone comme Rêve à Las Vegas ou House of dancing water en Chine; quand il ne forme pas Céline Dion. Des projets qui le font beaucoup voyager, soupire-t-il : « Chaque fois que je quitte cette maison, c’est avec un pincement au cœur mais ma vie professionnelle est aussi loin d’ici. »
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L'auteur.e de l'article
Laurence Bertels
Auteur et journaliste @lalibrebe jeune public, arts, scènes, littérature.