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Avr/Mai/Juin 2018

Le risque est un ingrédient de base du cirque. Mais le danger réel, lui, n’est pas au menu. Comment assurer la sécurité des circassiens ? La recherche s’appuie sur des inventions séculaires et sur des innovations constantes, issues d’autres secteurs comme le sauvetage ou le levage industriel.

Prudence antique

On raconte que c’est l’empereur romain Marc Aurèle, au IIe siècle, qui aurait imposé l’usage du matelas de protection pour les funambules, suite à la chute mortelle d’un jeune acrobate. L’histoire le désigne comme le fondateur du concept de sécurité systématique, annonçant par exemple le filet pour les trapézistes – ce qui n’empêche pas nombre de funambules de travailler sans longe ni filet aujourd’hui.

Restons stoïque

Stoïcien (pour de vrai), Marc Aurèle ne regardait pas le spectacle quand il assistait aux jeux du cirque : il lisait et signait des papiers importants (véridique).

 

La poulie

Au cirque, elle permet de tendre les haubans, de faire monter et descendre des artistes juchés sur un cerceau (par exemple) durant leur performance, etc. C’est l’invention à la fois la plus ancienne et l’une des plus utiles. Aujourd’hui, des « poulies haute performance » réduisent le frottement, des « poulies ouvrantes » permettent de passer la corde sans tout démonter,… Oui, on peut réinventer la roue !

 

 

 

Le matelas, défi de taille

Le matelas, ancestral amortisseur de chutes, évolue : la recherche (venue de l’athlétisme notamment) invente des mousses nouvelles (densité, épaisseur) ou développe le « frittage » permettant une meilleure absorption des chocs. Le grand défi : le coût et la taille. Une compagnie au cadre aérien par exemple doit prévoir un tapis de 9m de long sur 2m de large, avec des « bavettes » de sortie, plus le cadre bien sûr, et le camion qui va avec.

 

 

Innovations constantes « Il s’agit de produits haut de gamme qui ne concernent pas le cirque a priori, mais dont le secteur profite pleinement », explique Jean-François Keller, régisseur passionné par le cirque depuis 1998 et aujourd’hui directeur technique à l’Ésac. « On va puiser dans le matériel de haut niveau créé pour l’escalade, le yachting, le levage industriel ou le sauvetage. Le cirque est extrêmement créatif : les disciplines circassiennes évoluent à une vitesse incroyable, c’est passionnant d’accompagner ce mouvement. »

Exemple : Utilisation du cordage en « polyéthylène haut module », qui offre une grande résistance à la rupture (on l’utilise notamment pour l’amarrage de plateformes pétrolières).

Exemple : Le rassurant « dynamomètre », dont le prix s’est récemment démocratisé, permet de connaître la charge qu’on a mise sur un câble – une mesure essentielle pour le subtil calcul des résistances.

 

AERISC réduit les risques

À Bruxelles, on bosse dur pour la sécurité des circassiens. Lancée par le gréeur et ingénieur Thomas Loriaux, AERISC doit son nom à la compression des mots « aériens » et « risques », et ses initiales signifient également « Association Européenne pour la Recherche, l’Innovation et la Sécurité des arts du Cirque ». L’asbl promeut la prise en compte de la sécurité en dispensant des formations et en partageant de l’information – car prévenir, c’est déjà guérir comme chacun sait.

 

 

Protection des techniciens

Les techniciens se décarcassent pour la sécurité des artistes. Mais qui les protège, eux ? Qui arrime leurs droits et boulonne leur statut ? L’ATPS (Association de Techniciens Professionnels du Spectacle vivant, également ouvert aux scénographes) y œuvre en Belgique francophone, sous la conduite de Christian Halkin et Lorenzo Chiandotto, estimant notamment que les métiers techniques « ont toujours vécu de la communication et de l’échange, du partage du savoir et de compétences, du partage d’espaces et de matériel ».

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L'auteur.e de l'article

Laurent Ancion

Laurent Ancion est rédacteur en chef du magazine « C!RQ en Capitale ». Critique théâtral au journal « Le Soir » jusqu'en 2007, il poursuit sa passion des arts de la scène en écrivant des livres de recherche volontiers ludiques et toniques. Il est également conférencier en Histoire des Spectacles au Conservatoire de Mons et musicien.