Avr/Mai/Juin 2016

« Dès nos études en cinéma d’animation à La Cambre, le cirque a surgi dans nos films. On avait envie de tester des techniques de réalisation, de ne pas s’enferrer dans un seul style. C’est comme ça que sont nés deux courts-métrages : « Le voleur de cirque » (commencé en 1990), puis surtout « Les Baltus » (1991), un film en papier découpé qui nous permettait d’explorer des choses plus directes, plus brutes. L’histoire des « Baltus au cirque » est inspirée par une même expérience de petits cirques qu’on a eue gamins, à la campagne. En voyant la parade débarquer dans notre village, on avait super envie d’y aller. Puis, une fois qu’on avait payé pour rentrer sous la toile, on s’est rendu compte que tout était bricolé, que le lama était trop vieux et l’acrobate aussi… « Les Baltus » sont directement inspirés de cela : une petite famille se retrouve coincée dans un spectacle qui n’en finit plus, une torture qui, de numéros en numéros, dure 26 ans !

Bien sûr, c’est un gros cliché du cirque traditionnel. Mais finalement, notre manière de raconter les histoires a peut-être quelque chose de profondément commun avec le cirque. Notre écriture consiste à nous surprendre nous-mêmes – et idéalement les spectateurs aussi – avec un maximum de choses racontées par l’image, dans une langue internationale. Notre travail narratif autour de « Panique au village », comme l’ensemble de nos réalisations, a pour base le mouvement. Comme au cirque, nos personnages vont bouger d’un point A à un point B et, entre les deux, c’est mieux quand c’est extrêmement compliqué ! Le cirque, finalement, parle autant de nos prouesses que de nos faiblesses. Comment se servir de nos failles pour faire un récit ? Nos personnages sont des humains (ou assimilés) qui essayent de construire quelque chose, qui créent de fragiles équilibres, bien sûr destinés à s’écrouler pour bâtir quelque chose de complètement inattendu et pas mal non plus, finalement ! »

 

Bio XPress

Un cochon magique (Pic Pic) et un mauvais cheval (André) : les personnages respectivement créés par Stéphane Aubier et Vincent Patar ont propulsé la carrière du duo dès sa sortie de La Cambre (Bruxelles), en 1991. Depuis lors, leurs irrésistibles films d’animation font le tour du monde – ainsi du long métrage « Panique au village » présenté en Sélection Officielle au Festival de Cannes 2009. Un joli parcours pour deux artistes dont l’humilité et l’humour ne sont en rien incompatibles avec une totale dévotion à la recherche et à l’exigence.

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L'auteur.e de l'article

Laurent Ancion

Laurent Ancion est rédacteur en chef du magazine « C!RQ en Capitale ». Critique théâtral au journal « Le Soir » jusqu'en 2007, il poursuit sa passion des arts de la scène en écrivant des livres de recherche volontiers ludiques et toniques. Il est également conférencier en Histoire des Spectacles au Conservatoire de Mons et musicien.