Itinéraire d’une enfant du cirque

Avr/Mai/Juin 2015

Quel est le parcours d’études d’un jeune artiste de cirque aujourd’hui ? En Belgique, il peut aller de la maternelle au supérieur... avec quelques passages par la case défi ! Violette Wauters, 23 ans, étudiante à l’Esac, nous raconte les reliefs de sa « vie en piste ».

Violette est née les pieds dans le cirque. Sa mère, France Perpète (de la compagnie Baladeu’x), donnait des cours de danse et d’acrobatie à l’Esac (Ecole Supérieure des Arts du Cirque, à Bruxelles). Les jours où Violette ne pouvait aller à l’école, elle traînait dans les pattes des étudiants et jouait avec eux en attendant sa mère. C’est donc naturellement qu’elle arriva en troisième primaire à l’Ecole du Souverain d’Auderghem où sont données trois heures de circomotricité chaque semaine, à travers le « Cirquétudes » qui va de la première maternelle jusqu’à la sixième primaire. « Cette activité m’a fait du bien car je n’aimais pas l’école. Les jours où j’avais cirque, j’avais plus de motivation pour me lever ! », sourit aujourd’hui Violette. C’était deux jours par semaine. On apprenait à jongler avec des foulards, on faisait un peu d’aérien, du tissu, de l’équilibre sur objets, des acrobaties,… ».

A l’époque, elle flashe déjà sur les disciplines aériennes. A son grand regret, Violette ne peut continuer le Cirquétudes, puisqu’il n’existe pas en Secondaire. Elle poursuivra le tissu et le trapèze comme activités parascolaires, sous la conduite de Cathy Minelli, à Trapèze asbl, place Bethléem à Saint-Gilles. A 15 ans, elle bifurque vers une filière théâtrale à l’école secondaire Ma Campagne à Ixelles. « J’avais une dizaine d’heures de théâtre par semaine pendant quatre ans. Je découvrais un nouveau milieu et j’étais totalement impliquée. J’ai donc arrêté le cirque un petit temps pour mieux me plonger dans le théâtre ».

Mais la jeune fille va vite revenir à ses premières amours. « Je me suis rendu compte que j’avais plus de facilité à m’exprimer avec le corps. L’ambiance du cirque m’a toujours plu. Et surtout, j’avais très envie de voyager. Avec le théâtre, tu es vite bloqué par la langue ». Prenant conscience de son désir de carrière circassienne, elle décide de concilier séjour à l’étranger et préparation au concours d’entrée d’une école supérieure en arts du cirque. « Au départ, je voulais aller à Châtellerault en France, mais les sélections difficiles m’ont découragée. Alors j’ai passé les auditions pour rentrer à l’école de Carampa, à Madrid. La formation touche à toutes les spécialités. Grâce au Cirquétudes et à ma formation parascolaire, j’avais déjà quelques bases. En deuxième année, j’ai dû choisir deux disciplines : j’ai opté pour les portés et la corde lisse ». Après deux années intenses, elle tente plusieurs concours d’écoles supérieures, à Toulouse, Paris, Londres… pour revenir à l’Esac à Bruxelles ! « Finalement, c’était l’école qui me correspondait le mieux au niveau du projet artistique ». Aujourd’hui en deuxième année, elle projette de monter une compagnie à sa sortie avec quelques autres compagnons rencontrés à Madrid. « Puis, voyager », ajoute-t-elle un sourire en coin. Si c’était à refaire, elle ne changerait rien à son parcours scolaire. « Le théâtre m’a beaucoup servi. Le cirque s’enrichit de toutes les formations ».

SCRATCH Par la compagnie Acrobarouf

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