Comme des abeilles voltigeuses attirées par le pollen, des circassiens de toutes disciplines, venus des quatre coins du monde, débarquent un jour à Bruxelles. Certains s’y établissent et participent activement à la floraison du cirque dans la capitale. Pourquoi ce choix ?
Nilda Martinez
Français, mât chinois, Le Phare Compagnie
« Bruxelles m’attirait. Je suis venu y suivre des formations en danse… et la ville m’a séduit. Contrairement à Paris, il y a un côté ‘village’ avec une dynamique culturelle et une émulation circassienne permanente. Après différents projets comme interprète, je prépare [Ma], la première création de la compagnie que j’ai lancée avec Christian Serein-Grosjean. Le préfinancement est difficile mais j’ai foi en notre travail. Sans cette ville et son réseau de soutien, ce spectacle ne serait certainement pas ce qu’il est. »
Sur Facebook : Le Phare.
Enrico Astegiano
Italien, corde et tissu, Les Cliquets
« Je suis venu pour la recherche en biologie… et je suis resté pour le cirque. À Bruxelles, il y a un public de qualité qui donne envie de continuer à travailler pour le satisfaire. Les endroits de rencontre et d’entraînement sont nombreux. Il manque peut-être une structure centrale indépendante des organisateurs. Après une forme courte, on prépare une deuxième création plus longue et on se pose beaucoup de questions car jouer, s’entraîner et diffuser, c’est énorme quand on est deux ! »
www.lescliquets.com
Kevin Brooking
Américain, clown, co-créateur de Clowns et Magiciens Sans Frontières
« Bruxelles est pour moi une ‘clown town’. Il y a une tradition burlesque nourrie par toutes les traditions des arts visuels. J’aime beaucoup la cohabitation entre les mondes germanique et latin qui rendent la ville très agréable. Face aux temps présents, où semblent se cristalliser certaines tensions entre communautés, les gens doivent comprendre que le cirque crée du lien et encourage la tolérance. C’est pour cela qu’il faut aller créer chez les gens, dans les quartiers. »
www.zirktheatre.be; Clowns et Magiciens Sans Frontières : www.cmsf.be
Juan Manuel Cersósimo
Argentin, vélo acrobatique, clown, Compagnie Che Cirque
« Avant de venir à Bruxelles, j’ai visité d’autres villes européennes, comme Paris et Barcelone. C’est ici que je peux le mieux me développer comme artiste. On est dans un village avec un statut international. Et on peut aller partout à vélo ! S’il manque quelque chose, ce serait un lieu d’entraînement et de rencontre plus axé sur le cirque-théâtre. Ma dernière création, Aide-moi, est en lien avec les sans-abris et la mendicité : elle est directement inspirée par une certaine réalité bruxelloise. »
Veera Kaukoranta
Finlandaise, chargée de diffusion, AB Joy Diffusion
« Je suis installée depuis 5 ans à Bruxelles avec mon compagnon chilien et nos deux enfants. On s’y trouve très bien ! Je suis heureuse d’élever mes enfants dans cette coexistence harmonieuse entre toutes ces communautés. Bruxelles est une ville où le cirque est respecté. On peut se laisser porter par le métier et faire grandir les projets. D’ici, on peut travailler partout en Europe. Il y a bien sûr des difficultés et des frustrations… mais ce serait pareil ailleurs ! »
www.abjoydiffusion.com
Anne Bucher
Allemande, acrobate et danseuse
« Le lendemain de ma sortie de l’Esac, je m’entrainais déjà avec la compagnie Feria Musica ! Je me suis très vite habituée à Bruxelles et je n’avais pas envie de partir, sauf peut-être pour me trouver en pleine nature. Il y a une offre énorme pour tous les niveaux, de l’amateur au professionnel. Seul manque à mes yeux : des espaces d’entraînement pour l’aérien. C’est une ville où on peut se permettre de prendre le temps de chercher et créer. C’est, du coup, peut-être trop confortable ! »
Éric Longequel
Français, jongleur, Compagnie EAEO
« Je suis venu à Bruxelles parce que je suis partenaire d’une compagnie qui tourne beaucoup en Flandre. La ville est bien desservie internationalement et dispose de pas mal d’infrastructures, même si je n’ai pas encore eu le temps d’en profiter. À Paris, où j’ai passé plus de dix ans, j’ai beaucoup apprécié de m’entraîner au Centquatre, une grande halle comme un parc couvert où on peut faire des tas de rencontres intéressantes. C’est peut-être un endroit qui manque à Bruxelles ? »
www.cieeaeo.com
Nicanor de Elia
Argentin, jongleur, chorégraphe, Garage29
« Je suis d’abord venu à Bruxelles suivre des formations en danse. Je suis ensuite parti cinq ans au Lido à Toulouse. Je suis revenu pour ouvrir avec Sabina Scarlat un lieu de partage entre la danse et le cirque : le Garage29, à Schaerbeek. À Bruxelles, il y a plein d’espaces pour démarrer des projets. Le problème, c’est qu’on demande aux gens de créer sans financement ou presque. Mais avec le temps et la chance, tout est possible. Ce qui serait peut-être intéressant, c’est de créer davantage de bourses de recherche pour les arts circassiens. »
www.garage29-offestival.be
Viola Baroncelli
Italienne, danse, mât chinois, Naga Collective
« À ma sortie de l’Esac, on a démarré un collectif avec d’autres filles de la promotion et deux anciennes étudiantes du Lido : le Naga Collective. C’était pour nous évident de rester à Bruxelles, il y a beaucoup de moyens pour le cirque. J’adore la ville. Avec toutes les cultures et les nationalités qui se mélangent, il se crée un équilibre très stimulant. Et c’est un point central pour les communications avec le reste de l’Europe. »
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L'auteur.e de l'article
Gilles Bechet
Giles Bechet est journaliste freelance. Curieux de tout, il aime se perdre dans la culture, celle qui pousse en salle, sous chapiteau et dans les terrains en friche. Pour y rencontrer toutes sortes de gens, des gens qui voient, qui ont vu et qui font voir. Ou qui ne font rien du tout et le font bien.