Oct/Nov/Déc 2017

Après un climat plutôt calme ces deux ou trois dernières années, c’est une véritable pluie de créations qui s’annonce à l’horizon de cette nouvelle saison circassienne. Y a-t-il une raison à ce réjouissant phénomène ? Quels sont les spectacles qui se trament ? Point météo.

Spectateurs, sortez à découvert : cirque et tropiques rimeront plus que jamais cette saison, avec une chaude pluie de spectacles tout neufs qui se masse à l’horizon. Après quelques années un peu plus sèches, au rythme de 4 ou 5 créations par saison, comment expliquer ce réjouissant phénomène ? On compte en effet au moins 12 nouveaux spectacles (ici repérés), principalement portées par des compagnies bruxelloises. « Il n’y a pas une explication unique, sinon le hasard des cycles », indique Kenzo Tokuoka de Carré Curieux. Pour les compagnies, ce tir groupé est manifestement inconscient : « Je n’avais pas du tout fait attention, on a la tête dans le guidon ! », commente Simon Fournier, de la Compagnie Scratch. Voilà qui met le météorologue à l’aise : toutes les hypothèses sont permises !

« C’est peut-être un peu d’optimisme qui revient ? On sent une envie de s’assumer, un retour de paris plus périlleux », reprend Kenzo Tokuoka. « C’est un cycle organique. Pour la plupart des compagnies, l’exploitation du spectacle précédent arrivant à terme, le retour à la recherche était sans doute évident. Et donc un moment, il y a l’envie commune de montrer le fruit de tout cela ! », analyse Thomas Dechaufour, de la Compagnie Poivre Rose. Indubitablement, les festivals jouent un solide rôle d’incubateurs : UP! (Biennale internationale de Cirque de l’Espace Catastrophe, avec un intense focus belge en 2018 – lire encadré) et Hors-Pistes (Halles de Schaerbeek) – principalement en salle – ou Hopla!, le Visueel/Visuel et les Fêtes romanes – en espace public – soutiennent le phénomène, voire le provoquent carrément, par l’importance de leur rendez-vous et par le travail au quotidien des équipes.

Aboutissement de longs et endurants alambics, les « premières » sont aussi… le début d’un travail de longue haleine pour une compagnie. « Une première, c’est une deadline très importante », explique Simon Fournier. « Mais nous savons qu’ensuite, cela va évoluer dans les corps. Pendant au moins un an, nous faisons une heure de réunion après chaque représentation. Le spectacle n’en finit pas d’évoluer au fil des trois à quatre années de tournées. »

Une endurance qu’on jouera à retrouver dans les thèmes des spectacles, qui évoquent volontiers le défi du temps qui passe, le vieillissement, la vulnérabilité… Un questionnement qui trahit immanquablement un bel art du doute, une maturité sûrement, sous le flot joyeux de la création.

« Fresh Circus » et gros plan belge à UP!

Cocorico ! Pour la première fois, le grand rassemblement « Fresh Circus » ourdi par le réseau Circostrada, sort des murs de La Villette à Paris et se tiendra… à Bruxelles, au Théâtre National, du 13 au 15 mars prochain, dans le cadre du Festival UP! Ce séminaire international consacré au développement des arts du cirque, qui en sera à sa quatrième édition (sous le titre « More than circus »), réunira un nombre important de professionnels du cirque : l’occasion d’une très belle visibilité pour les compagnies belges, dont se saisit l’Espace Catastrophe en ouvrant sa biennale par un « focus belge ». Le festival prendra des couleurs intensément nationales du 13 au 15 mars, avant de largement s’internationaliser pour la suite de ses 3 2 semaines de programmations aux quatre coins de Bruxelles, jusqu’au 25 mars.

Tags :

Voir le cirque en auteur

Largement utilisée en France, la notion de « cirque d’auteur » est de plus en plus présente dans le monde de la création. L’an dernier, l’Esac et le Cnac lançaient un certificat...

Thomas, la mécanique des airs

Depuis Paris, le Belge Thomas Loriaux a créé une société d’ingénierie qui conçoit et fabrique notamment des agrès de cirque. Boosté par son expérience en hauteur, il planche aussi sur...

Aide-moi Par la Compagnie Che Cirque

Quoi de plus symbolique, quand on pratique l’art dans la rue, que de faire un spectacle sur la rue ? Quel meilleur ambassadeur que l’acrobate, voué à se rendre vulnérable sur…

La reconversion, ça vous inquiète ?

À quel âge commence-t-on à se poser la question de la reconversion ? Quelle forme peut-elle prendre ? Si nul n’est égal face au temps qui passe, personne ne peut s’y soustraire....

Trajectoires réinventées

Il est loin le temps où l’artiste de cirque réalisait le même numéro tout au long de sa carrière, jusqu’à la mort (du costume). Aujourd’hui, la curiosité, la créativité et...

Le corps dans l’œil de la médecine

Le corps du circassien est soumis à des contraintes physiques extrêmes. Distorsions, tensions et chocs répétés amènent-ils à une usure précoce ? Comme les sportifs de haut niveau, la reconversion est-elle...

Le mot [gardine]

Entre « gardien » et « gardon », nulle trace de la « gardine » dans nos dictionnaires. On admettra pourtant qu’il est plus aisé de dire « Soulevez la gardine » que « Soulevez le grand rideau rouge…

Les écoles amateurs ont la passion contagieuse

« C’est une semaine incroyable ! », commente Emma, 18 ans, au sortir de sa présentation au mât chinois, sous le soleil d’une place de Wavre. Comme 40 jeunes élèves, en ce début juillet,…

AVIGNON, AURILLAC : MIRAGE OU ELDORADO ?

L’été, tout le monde veut faire sa place au soleil, normal ! D’un côté, les circassiens qui tournent plutôt en salle, comme Chaliwaté (Joséphina), Duo Gama (Déconcerto), Doble Mandoble (Full HD)…

Pourquoi avez-vous choisi Bruxelles ?

Comme des abeilles voltigeuses attirées par le pollen, des circassiens de toutes disciplines, venus des quatre coins du monde, débarquent un jour à Bruxelles. Certains s’y établissent et participent activement...

Naviguez dans le numéro

L'auteur.e de l'article

Laurent Ancion

Laurent Ancion est rédacteur en chef du magazine « C!RQ en Capitale ». Critique théâtral au journal « Le Soir » jusqu'en 2007, il poursuit sa passion des arts de la scène en écrivant des livres de recherche volontiers ludiques et toniques. Il est également conférencier en Histoire des Spectacles au Conservatoire de Mons et musicien.