Valérie Mathieu, directrice artistique de Wolubilis, s'épate de l'engouement du public pour les pistes contemporaines...
Le cirque contemporain serait-il en passe de devenir une valeur sûre ? Où qu’il (se) passe à Bruxelles, en salle, sous chapiteau ou dans l’espace public, il fait le plein. Ce début d’année 2014 a été celui de tous les records : en février, les propositions de Hors Pistes au Halles de Schaerbeek ont aimanté le public. En mars, le Festival UP!, la Biennale internationale de cirque de l’Espace Catastrophe, a envahi théâtres et places en jouant souvent à « bureaux fermés ». En avril, Hopla!, la Fête des arts du cirque de la Ville de Bruxelles, a réuni les foules de tout âge dans l’évidence des pistes. En juin, la Fête des Fleurs à Watermael-Boitsfort et le Visuel Festival Visueel à Berchem-Ste-Agathe ont laissé une large place à une programmation circassienne largement suivie par le public…
Les théâtres s’unissent de plus en plus à cet élan des arts de la piste. « Dès l’ouverture de notre lieu, en 2006, il y a eu la volonté d’imprégner une identité forte, notamment à travers le cirque », confirme Valérie Mahieu, directrice artistique de Wolubilis. Avec son plateau colossal (320m2, 15 mètres en hauteur), la scène de Woluwe-Saint-Lambert se prête avec succès aux déclinaisons circassiennes. « Le cirque déclenche une véritable ferveur parmi nos spectateurs, qui nous suivent dans toutes nos propositions. Parmi les disciplines des arts de la scène, le cirque est actuellement celui qui innove le plus. Durant leur formation, les artistes explorent la théâtralité et ça se retrouve ensuite dans leurs spectacles : il y a un fil rouge, au cœur d’une inventivité folle. Ça surprend tout le monde, le public en redemande ! ».
Le Théâtre Varia se délecte de la même audace. A l’occasion du Festival UP!, le théâtre ixellois s’est vue envahir par des scénographies peu communes : un tractopelle (« Extension » par le Cirque Inextrémiste) puis une tonne de terreau (« La Geste » par la RuspaRocket). « Notre équipe technique se régale ! », sourit Sylvie Somen, codirectrice artistique des lieux, réjouie par le nouveau chapitre ouvert par le cirque contemporain. « Cela n’a rien d’incongru de trouver du cirque dans un Centre Dramatique, au contraire ! », affirme-t-elle. « Sous le geste circassien, sous la prouesse, il se raconte une histoire, des histoires, qui ouvrent l’imaginaire. On conserve la technique de cirque, mais elle se fait narrative. Pour le public, il n’y a pas le barrage de la langue. Dans une ville plurilingue comme Bruxelles, le cirque ouvre des perspectives géniales par rapport au théâtre, plus limité par l’usage du texte ».
Sylvie Somen se réjouit aussi que l’intérêt pour le cirque soit manifeste chez des metteurs en scène de théâtre, comme Véronique Dumont (« La Geste »), ou chez des chorégraphes, comme Claudio Bernardo (« L’Assaut des Cieux », présenté en octobre). « Ce qui rapproche le cirque d’un Centre Dramatique, c’est la notion de création », conclut la directrice. « Les arts de la piste se professionnalisent et deviennent un art à part entière, comme le théâtre et la danse. Et mieux encore : ils se mélangent, sans se dissoudre ! ».
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L'auteur.e de l'article
Laurent Ancion
Laurent Ancion est rédacteur en chef du magazine « C!RQ en Capitale ». Critique théâtral au journal « Le Soir » jusqu'en 2007, il poursuit sa passion des arts de la scène en écrivant des livres de recherche volontiers ludiques et toniques. Il est également conférencier en Histoire des Spectacles au Conservatoire de Mons et musicien.